Les film-performances

Parralaxe

Création : Mars 2017, performance, 4 projecteurs 16mm mobiles, triple-écran, son direct panoramique, 35min.

PARALLAXE est le fruit de la collaboration entre le collectif Nominoë et le musicien Michalis Moschoutis.

___« La parallaxe est l'incidence du changement de position de l'observateur sur l'observation d'un objet. »___

 

Travail sur la notion de géométrie et d'espace au cinéma, depuis l'espace plan du photogramme jusqu'à l'espace scénique de sa représentation, ce projet met en lumière un objet multi facette. Les différentes surfaces qui circonscrivent l'écran, les déplacements des projecteurs sur des rails, les changements d'angles de projection et les interventions en direct proposent aux spectateurs plusieurs axes de visions simultanés. "PARALLAXE" souligne les transports de l'images et leurs capacité à modifier la perception que l’on a d’une même réalité. Associés au dispositif de prise de son direct de Michalis Moschoutis, les images graphiques de Nominoë s'en trouvent déconstruites et leur virtualités décuplées. La diffusion sonore spatialisée immerge l'auditoire dans ce dispositif multidimensionnel, à la fois plateau de cinéma, salle de cinéma et film.

Sur la pellicule, différents objets géométriques, des représentations de lignes, de cubes, de formes rectangulaires sont dessinées en perspective. Cette illusion d’une troisième dimension graphique, qui prend en compte les effets de l'éloignement et de la position des objets dans l’espace par rapport au spectateur, voyage depuis la surface plane du photogramme à celle de l’écran. Sur le devant de la scène, quatre projecteurs sont installés sur des charriots que déplacent les opérateurs sur des rails de travelling. Le dispositif rappelle celui d’un plateau de cinéma et le spectateur contemple dans un même temps le hors champ de la projection et son résultat.

Au cinéma la figure du travelling sert à se rapprocher, s'éloigner ou suivre un sujet, alors qu’il s’agit ici de révéler de nouveaux aspects des figures projetées. Au court des déplacements, les faisceaux viennent révéler leurs motifs sur les différentes surfaces de l’écran. Les images mouvantes se superposent, se complètent, sont déviées, déformées. L’écran lui même n’est pas abordé comme une surface plane sur lequel viennent se déposer les rayons lumineux. Dans "PARALLAXE", c'est à la fois l'écran formé de deux pans à 90°, les angles de projection donnés par l’orientation des rails et les manipulations qui font apparaître des effets de parallaxes. L'objet initial s'en trouve déconstruit et ses potentialités augmentées.

Un voile invisible suspendu devant l’écran duplique également l’image, tout en la suspendant et en creusant la perspective de l’espace scénique. Les rayons lumineux, multiples points de vue simultanés, épaississent l’espace et la profondeur cinématographique. Des micros-contact viennent compléter le dispositif. Positionnés sur les rails de travelling, ils captent le son de chacun des mouvements des projecteurs. Ces matières sonores prisent en direct sont alors diffusées dans l'espace simultanément. Plusieurs enceintes placées autours de la salle immergent l’auditoire dans ce dispositif protéiforme.

Colours

Création : Mars 2015, Installation, 4 projecteurs 16mm, 4 boucles 16mm, 1 stroboscope, capteurs, son direct panoramique (4 HP).

 

COLOURS est un travail qui utilise des moyens simples pour étudier le processus de couleur additive en une vision artistique trichromatique, une rencontre mouvante entre les célèbres expériences de couleurs réalisées par James Clerk Maxwell et l'utilisation de la lumière de James Turrell.

Quatre projecteurs 16mm fonctionnent à des vitesses différentes chacun avec une boucle de film. Ces boucles sont composées de trois séquences identiques de film 16mm montrant les champs de changement de couleur entre les trois couleurs primaires (rouge au vert au bleu au rouge) du processus de couleur additive.

Entre les projecteurs et l'écran est placé un cube, suspendu, tournant à une vitesse régulière. Par obstruction des faisceaux, le cube jette quatre ombres en rotation sur l'écran. Chaque cube-ombre est techniquement noir, mais cette ombre est colorée par la lumière provenant des trois autres projecteurs, formant une seconde couche de couleur changeante. A partir de ces 3 couleurs primaires un nombre de combinaisons infinies se crée.

Comme pour l'image, un dispositif sonore est mis en place utilisant quatre haut-parleurs, chacun correspondant à un seul projecteur. Chacune des quatre boucles sonores est jouée à une vitesse différente. Leur diffusion simultanée est spatialisée, chaque haut-parleur correspondant à l'un des projecteur.
Ces boucles sonores sont composées d'une paire de fréquences (des aigus et des basses) , couvrant une gamme de fréquences de 53,3hz / 533hz, 60Hz / 600Hz et 65,5Hz / 650 Hz consécutivement et pour chaque boucle. Pour rendre cette correspondance possible, chaque fréquence de couleur est associée au spectre sonore suivant la logique suivante:

Rouge = 533 Thz, joué avec un son de 533 Hz (aigu) et un son de 53,3 Hz (basse)
Vert = 600Thz, joué avec un son de 600 Hz (aigu) et un son de 60 Hz (basse)
Bleu = 650 Thz, joué avec un son de 650 Hz (aigu) et un son de 65 Hz (basse)

Le mélange et la spacialisation de ces fréquences créent une boucle mélodique aux variations infinies.

Le concept de COLOURS est de créer une atmosphère multicolore fascinante où l'on peut librement succomber à un monde dont les couleurs et la mélodie jouent puissamment sur les émotions. En traversant les faisceaux de lumière, des interactions directes se créent transformant images et couleurs. Le cube est la zone où le rêveur oscille entre le rêve et les états d'éveil.

"En ce lieu nouveau, ce qui est perçu abandonne sa consistance, se détache de soi, flotte dans un espace et selon des combinaisons improbables, gagne le regard qui les détache et les noue, si bien qu’il pénètre en elles, se glisse dans cette étrange distance impalpable qui sépare et unit leur lieu de naissance et leur écran final." - Michel Foucault

 

Atomic Light

Création : Juin 2014, performance pour 2 à 4 actants, 4 projecteurs 16mm, mobiles, tubes, moteurs, stroboscope, écran réversible, son direct, 25 min.

 

Atomic Light est une performance en 3 actes associée à un travail sur l'ombre et la surface de projection.
3 à 4 projecteurs 16mm, plusieurs boucles et plusieurs mobiles constituent les différents instruments utilisés lors de cette performance aux images non figuratives. Le son est exclusivement produit par les divers éléments mis en œuvre grâce à des micro-contacts.
Le dispositif cinématographique mis en place est séparé du public par l'écran de sorte que la manipulation des différents éléments n'interfère pas dans l'appréciation directe du spectateur.
Le premier acte met en œuvre une approche pure de la lumière simplement obstruée par des mobiles cylindriques tournant sur eux même. Les ombres mouvantes apparaissent sur l'écran grâce à une obstruction continue des faisceaux. L'ombre importante produit par ces mobiles permet la disparition de l'écran de projection pour laisser place à une utilisation partielle des faisceaux lumineux.
Grâce aux formats et à la position des nouveaux éléments placés devant les projecteurs, le second acte propose des ombres inscrites dans l'écran de projection. Progressivement ces ombres géométriques se superposent, se mélangent et se laissent perturber par l'introduction de boucles de film reproduisant les mouvements de ces même mobiles. Cette progression s'orchestre autour de combinaisons de couleurs associées à des figures précises. L'ombre et l'image projetées se confondent.
Le troisième acte hypnotique met en œuvre la notion d'"ombres colorées" autour d'un dernier élément suspendu à mi distance entre l'écran et le dispositif de projection. L'orientation des différents projecteurs débarrassés de leurs boucles pour ne former qu'une seule surface de projection fait apparaitre des ombres identiques mais décalées, chacune colorée par la lumière des autres projecteurs. Le large spectre de couleur ainsi produit est complété par l'utilisation d'un stroboscope : rappel de la forme particulièrement simple du dispositif mis en place pour ce dernier acte.

 

Cortex

Création : Juin 2013, performance pour 4 actants + 1 danseur, 3 projecteurs 16mm, stroboscope, écran réversible, son direct, 20 min. Danse : Stéphane Mensah

 

Cortex est une collaboration du collectif Nominoë avec le danseur Stéphane Mensah, mélange de danse et de cinéma.
Comme dans un théâtre d'ombres, l'écran se fait l'écho d'un corps en mouvement devant les faisceaux lumineux des projecteurs.
Les gestes du danseur sculptent la lumière et les sons de l'environnement dans lequel il évolue. Son corps concret s'efface au profit de son inscription à l'écran. 
La scène, devenue surface verticale,  fusionne les impressions de la pellicule aux silhouettes projetées.  
Le dispositif sonore -  des capteurs placés sur le corps du danseur -  permet de générer un environnement auditif en relation directe avec le mouvement. Les gestes du danseur sont captés, et en retour, produisent ou modifient la bande sonore. Dans un même élan, la danse s'invente en fonction des sons qu'elle engendre ..
Ici, le cinéma est un lieu qui se déploie en profondeur, une scène où se rencontrent et se transforment la lumière, le son, et le mouvement. L'écran, comme une écorce, recouvre les forces profondes du cinéma pour mieux en dévoiler sa picturalité/plasticité. 


"Pas un geste, pas un cillement qui ne m'engage à fond, qui ne fasse dévier ma vie" Aragon

 

Ex-Machina

Création : Décembre 2011, performance pour 5 actants, 7 projecteurs 16mm, caches mobiles, stroboscope, moteurs, écran réversible, son direct, 20 min.


Renouant avec les premières expériences des light-shows, Ex-Machina se manifeste comme projection lumineuse et jeux d’ombres « portées ». Sept projecteurs 16mm, cinq micros et plusieurs mobiles constituent les différents instruments utilisés par les protagonistes de cette performance aux images non figuratives.

L’idée de départ de ce projet consiste à utiliser le médium filmique en le réduisant à ses principes actifs élémentaires : la clareté et l’ombre, les projecteurs étant utilisés comme sources de lumière pure. Les mobiles, placés entre les appareils de projection et l’écran, mus par des moteurs ou manipulés par les « actants » de la performance, se substituent à la surface imprimée du film.
Les faisceaux des projecteurs 16mm répartis de part et d’autre de l’écran diffusent une lumière discontinue au moyen de disques de couleurs en rotation. Ils se transforment en passant à travers les différents mobiles. Ces derniers forment des caches qui sculptent les cônes de lumière et créent ainsi de nouveaux motifs, des ombres et des taches de couleurs, qui apparaissent au rythme de mouvements giratoires.

Ces différents éléments conjuguent leurs effets de transparence et d’opacité pour produire une dramatisation de la lumière. L’écran n’est plus cette surface neutre, lisse et opaque qui ouvre sur le monde de la représentation, il se transforme en réserve d’énergie, renvoyant directement dans la salle ses effets haptiques.
Ex-machina crée simultanément son propre univers sonore à travers les sons produits par les différentes pièces qui la composent (projecteurs, moteurs, pistes optiques…). Captée par des micros puis traitée et redistribuée en direct, la bande sonore qui en résulte accompagne, dans un synchronisme contrôlé, l’alternance des ombres et de la lumière.

Ex-Machina suit une partition qui orchestre mouvement extensif et vitesse intensive. La machine sonore et visuelle se met en branle, accélère progressivement, finit par s’emballer et s’autodétruire dans une explosion finale. L’écran, atteint dans toutes ses dimensions, semble sortir des limites de son cadre et venir incorporer le corps même du spectateur. La performance s’achève sur une coda à durée indéterminée où seul subsiste du chaos précédent l’ombre projetée d’un écran tournant sur lui-même accompagné d’un son unique répété.


"En ce lieu nouveau, ce qui est perçu abandonne sa consistance, se détache de soi, flotte dans un espace et selon des combinaisons improbables, gagne le regard qui les détache et les noue, si bien qu’il pénètre en elles, se glisse dans cette étrange distance impalpable qui sépare et unit leur lieu de naissance et leur écran final." Michel Foucault, "Le langage de l’espace", Critique n°203 avril 1964, p438

 

Zoo[trope]

Création : Mars 2011, performance pour 4 actants, 4 projecteurs 16 mm, écran réversible, 35min.
Bande son : Stéphane Courcy di Rosa et Mathieu Touren


« Ils sont la première image sur le mur de nos premiers rêves. Un jour, les animaux, prisonniers, humiliés, domestiqués par l’Homme, s’en iront loin de nous pour vivre comme au tout premier temps du monde : la Fête Sauvage. »

Les images de Zoo[trope] se composent de séquences de films issues de documentaires animaliers retravaillées en laboratoire avec une pellicule noir et blanc « high-contrast », de manière à ne garder que les contours des animaux et à faire disparaître la forme rectangulaire de l’écran. Une fois projetés,  ceux-ci apparaissent comme les silhouettes découpées d’un théâtre d’ombres, un retour aux origines du cinématographique comme le « zootrope » (appareil pré-cinématographique) et plus loin encore : l’apparition de silhouettes sur une surface blanche.
Avec cette performance Nominoë organise un espace ouvert où écran, projecteurs et spectateurs voient leurs rôles et leurs relations déplacés et redistribués. Les projectionnistes comme les spectateurs sont situés de part et d’autre d’un écran délimitant une frontière perméable. La même série d’images est projetée dans différentes compositions ; la transparence de l’écran laissant apparaître les images sur ses deux versants. Les spectateurs perçoivent les mêmes motifs, inversés en miroir ; il n’y a plus ni devant ni derrière, l’écran apparait comme une frontière invisible marquant pourtant une zone riche d‘échanges multiples.

Le déroulement du film consiste en une succession de « tableaux animaliers », projeté à partir de quatre projecteurs, alternant félins (lynx, tigre, puma) et oiseaux (aigle, ibis, flamand rose, chouette) dans un montage spatial fondé sur la répétition du motif et privilégiant les superpositions et les changements d’échelles, la juxtaposition et les rapports d’homothétie suivant différentes combinaisons.
L’écran apparaît alors comme un horizon sur lequel viennent se déposer ou s’effacer ces figures animalières, entités énigmatiques inquiétantes ou apaisantes. Palimpsistiques présences, lointaines et familières, réminiscence des premières représentations animales sur le fond des cavernes néolitiques.

La bande sonore se compose d’un mixage de multiples sons d’ambiance et d’extraits des documentaires animaliers. Elle offre un commentaire discursif aux images, jouant sur un synchronisme reconstruit (bruits d’animaux, sons de la nature) aussi bien que sur des digressions instrumentales (trompette, flute, gong, rythme africain). Elle marque aussi les changements de séquences, établit des  seuils et des climax, aménage des transitions à l’intérieur du découpage séquentiel.  Le film se déplie en effet comme un livre illustré constitué de planches d’images dont l’enchainement - parfois ponctué par la présence ténue d’une voix d’homme qui répète : « Ecoutez-bien ! » et « Regardez-bien ! » - rappelle aux spectateurs les fantasmagories et les projections foraines animées par la présence du bonimenteur.

 

 

Total Fin
Création : Juin 2006
6 projecteurs 16mm
accompagnement sonore
~ 30min

 

Lignes|Couleurs|Temps
Création : Mars 2006
6 projecteurs 16mm
accompagnement sonore
~ 30min

 

Li[ght]nes
Création : Octobre 2005
6 projecteurs 16mm
accompagnement sonore
~ 30 min

 

AlphaB
Création : Juin 2003
10 projecteurs S8, et 16mm, 2 voiles
accompagnement sonore
~ 35 min

 

W:A:R:ning
Création : Juin 2002
6 projecteurs 16mm
accompagnement sonore
~ 35 min

 

Charleston
Création : Novembre 2001
3 projecteurs 16mm
accompagnement sonore
~ 10 min

 

From Scratch
Création : Janvier 2001
6 projecteurs Super 8 et 16mm
accompagnement sonore
~ 30 min